LE CIEL,

entre hasard et nécessité

De l'ombre à la lumière, nous devrions parler « des ciels » de Belle-Île. Il faut avoir connu les nuits d'hiver sans sommeil à attendre que passent les vagues furieuses du vent, les après-midi d'Automne lorsque le ciel anthracite diffuse la lumière comme un outre-noir et le ciel d'été qui fait exploser les couleurs comme on écraserait un tube de gouache.

La vie de la ruche est aussi affaire de lumière. Les abeilles sortent aux premiers rayons et rentrent au couchant comme par l’effet d’un Angélus. Lorsqu’une forte pluie s’annonce et que le ciel alors se ferme sur lui même, on voit revenir en masse les ouvrières, on sait que l’averse arrive.

L'équilibre dont peuvent naître les miels de Belle-Île en Mer est précaire : la pluie est essentielle tout au long de l'année, le vent sculpte la lande et préserve sa qualité mellifère, la chaleur permet aux fleurs d'exprimer leur nectar. Le ciel nous impose l'humilité. Le devenir d’une saison est écrit dans le ciel, et des premiers jours du printemps jusqu’aux derniers soirs d’automne, notre fortune dépend des hasards du temps.